Diplômé de l’IEP de Paris, agrégé d’histoire et allocataire-moniteur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il prépare une thèse d’histoire sociale et politique sur le consentement à l’impôt en France aux XIXe et XXe siècles.
Léon Bourgeois, homme politique radical et fondateur du solidarisme, est certainement moins connu que certains personnages illustres de la IIIe République (Gambetta, Clemenceau, Jaurès…), il n’en a pas moins été un personnage central de la réforme sociale au début du XXe siècle. Parlementaire et plusieurs fois ministres, il s’est impliqué aussi bien dans le combat en faveur de la création de l’impôt sur le revenu, de l’indemnisation des accidents du travail et des retraites obligatoires, que de la création de la Société des Nations, dont il fut le premier président en 1919.
Homme de l’action (il fut président du Conseil pendant une courte période en 1895), Bourgeois a été l’un des principaux théoriciens de la doctrine sociale républicaine, passée à la postérité sous le nom de solidarisme. Entouré de philosophes et de sociologues comme Célestin Bouglé ou Alfred Fouillée, Bourgeois a publié de très nombreux ouvrages pour faire connaître sa doctrine, conçue comme une troisième voie entre le libéralisme pur et le socialisme autoritaire. Son originalité tient au fait qu’il s’est efforcé de construire une République démocratique et sociale, faisant du principe de solidarité le ferment de la cohésion sociale. Contre les conservateurs et les nationalistes, il s’est ainsi attaché à donner un contenu social à la nation, et à légitimer le rôle de l’État dans la mise en place des mécanismes de solidarité.
Le solidarisme s’inspire du constat fait de manière concomitante par les sciences du vivant et par la sociologie à la fin du XIXe siècle que tous les êtres vivants sont interdépendants. Cette doctrine bat en brèche le dogme libéral selon lequel l’individu existerait antérieurement et indépendamment de la société.
Au contraire, Bourgeois insiste sur le fait que chaque être ne s’épanouit qu’à travers les services et les outils que la société met à sa disposition. La solidarité entre les hommes est avant tout un fait : dès que nous naissons, nous profitons d’un héritage social, économique et culturel que les générations passées nous ont légué.
Le cœur de la démarche solidariste consiste ensuite à fonder en droit le principe de solidarité. Pourquoi faut-il payer des impôts, redistribuer les richesses, et distribuer des secours aux plus démunis ? Le solidarisme insiste sur la notion de « dette sociale » : nous sommes tous solidaires du sort de nos concitoyens parce que nous avons tous contracté une dette envers la société. Le devoir des riches envers les pauvres n’est donc pas un devoir moral, mais avant tout un devoir social : nous avons tous intérêt à préserver la cohésion sociale si nous voulons continuer à bénéficier des droits et des services que la société nous garantit.
Cette doctrine contractualiste a constitué la base de la philosophie sociale à l’origine du modèle d’État providence français au XXe siècle. Depuis le vote de la loi d’indemnisation sur les accidents du travail en 1898 jusqu’à la généralisation de la Sécurité sociale en 1945, le solidarisme a imprégné la construction du système des assurances sociales, fondé sur un compromis entre le rôle de l’État et l’autonomie de la société civile.
Cette philosophie, au cœur du modèle social républicain, est aujourd’hui très durement remise en cause par les mesures prises par la droite depuis 2002, et plus encore depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. Bouclier fiscal, quasi suppression des droits de succession, franchises médicales, toutes ces mesures portent atteinte aux principes solidaristes sur lesquels a reposé la cohésion sociale au XXe siècle.
La pensée de Bourgeois est présentée par le philosophe Serge Audier comme une source possible de renouveau pour le socialisme, permettant de concilier justice sociale et émancipation individuelle. L’action internationale de Bourgeois, à la tête de la SDN et au sein de très nombreuses associations prônant la diffusion des règles et des principes du droit social, est aussi à l’origine des réflexions sur la solidarité internationale. Redécouvrir Léon Bourgeois peut donc permettre à la gauche de penser l’Europe sociale et la solidarité écologique internationale, à l’écart de tout repli national.
Léon Bourgeois, homme politique radical et fondateur du solidarisme, est certainement moins connu que certains personnages illustres de la IIIe République (Gambetta, Clemenceau, Jaurès…), il n’en a pas moins été un personnage central de la réforme sociale au début du XXe siècle. Parlementaire et plusieurs fois ministres, il s’est impliqué aussi bien dans le combat en faveur de la création de l’impôt sur le revenu, de l’indemnisation des accidents du travail et des retraites obligatoires, que de la création de la Société des Nations, dont il fut le premier président en 1919.
Homme de l’action (il fut président du Conseil pendant une courte période en 1895), Bourgeois a été l’un des principaux théoriciens de la doctrine sociale républicaine, passée à la postérité sous le nom de solidarisme. Entouré de philosophes et de sociologues comme Célestin Bouglé ou Alfred Fouillée, Bourgeois a publié de très nombreux ouvrages pour faire connaître sa doctrine, conçue comme une troisième voie entre le libéralisme pur et le socialisme autoritaire. Son originalité tient au fait qu’il s’est efforcé de construire une République démocratique et sociale, faisant du principe de solidarité le ferment de la cohésion sociale. Contre les conservateurs et les nationalistes, il s’est ainsi attaché à donner un contenu social à la nation, et à légitimer le rôle de l’État dans la mise en place des mécanismes de solidarité.
Le solidarisme s’inspire du constat fait de manière concomitante par les sciences du vivant et par la sociologie à la fin du XIXe siècle que tous les êtres vivants sont interdépendants. Cette doctrine bat en brèche le dogme libéral selon lequel l’individu existerait antérieurement et indépendamment de la société.
Au contraire, Bourgeois insiste sur le fait que chaque être ne s’épanouit qu’à travers les services et les outils que la société met à sa disposition. La solidarité entre les hommes est avant tout un fait : dès que nous naissons, nous profitons d’un héritage social, économique et culturel que les générations passées nous ont légué.
Le cœur de la démarche solidariste consiste ensuite à fonder en droit le principe de solidarité. Pourquoi faut-il payer des impôts, redistribuer les richesses, et distribuer des secours aux plus démunis ? Le solidarisme insiste sur la notion de « dette sociale » : nous sommes tous solidaires du sort de nos concitoyens parce que nous avons tous contracté une dette envers la société. Le devoir des riches envers les pauvres n’est donc pas un devoir moral, mais avant tout un devoir social : nous avons tous intérêt à préserver la cohésion sociale si nous voulons continuer à bénéficier des droits et des services que la société nous garantit.
Cette doctrine contractualiste a constitué la base de la philosophie sociale à l’origine du modèle d’État providence français au XXe siècle. Depuis le vote de la loi d’indemnisation sur les accidents du travail en 1898 jusqu’à la généralisation de la Sécurité sociale en 1945, le solidarisme a imprégné la construction du système des assurances sociales, fondé sur un compromis entre le rôle de l’État et l’autonomie de la société civile.
Cette philosophie, au cœur du modèle social républicain, est aujourd’hui très durement remise en cause par les mesures prises par la droite depuis 2002, et plus encore depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. Bouclier fiscal, quasi suppression des droits de succession, franchises médicales, toutes ces mesures portent atteinte aux principes solidaristes sur lesquels a reposé la cohésion sociale au XXe siècle.
La pensée de Bourgeois est présentée par le philosophe Serge Audier comme une source possible de renouveau pour le socialisme, permettant de concilier justice sociale et émancipation individuelle. L’action internationale de Bourgeois, à la tête de la SDN et au sein de très nombreuses associations prônant la diffusion des règles et des principes du droit social, est aussi à l’origine des réflexions sur la solidarité internationale. Redécouvrir Léon Bourgeois peut donc permettre à la gauche de penser l’Europe sociale et la solidarité écologique internationale, à l’écart de tout repli national.
A lire : Serge Audier, Léon Bourgeois. Fonder la solidarité, Paris, Éditions Michalon, collection « Le Bien commun », 2007, 126 p.
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